Non, la voiture ne sauvera pas le coeur de ville, ni les commerces de quartier


Suite à l’annonce de la gratuité du stationnement le samedi, BAPAV tient à réagir. L’association est consciente des difficultés rencontrées par les commerçants et s’est toujours positionnée en faveur du commerce de proximité mais sommes malheureusement convaincus que ces mesures ne générerons pas les retombées espérées.

Nous tenons donc à profiter du débat public actuel pour exposer nos propositions qui visent à augmenter l’attractivité des petits commerces, y compris dans les centralités de quartier.

“no parking, no business” dit l’adage… datant des années 50 du XX siècle. Pourtant, une série de 12 études récentes, réalisées dans le monde entier (1) viens corroborer les chiffres de l’étude ADEME/FUB de 2003 (2) : contrairement aux idées reçues, les non-motorisés sont de meilleurs clients que les automobilistes. En effet, clients fidèles et réguliers, leurs dépenses hebdomadaires cumulées sont nettement supérieures.

Pourtant, nous le déplorons, les préjugés sont profondément ancrés : il a été prouvé dans différentes villes que les commerçants surestimaient le nombre d’automobilistes parmi leurs clients. Par exemple, ils représentaient seulement 22% des clients à Bristol, alors que les commerçants (sur)estimaient leur part à 41%.

Les mesures proposées par Brest Métropole risquent de donner un signal fort sur le retour de la ville tout automobile, en totale contradiction non seulement avec les enjeux de son plan climat mais aussi avec l’attractivité globale du cœur de ville, et notamment de ses commerces, favorisant ainsi, de fait, la poursuite de l’étalement urbain et la paupérisation des quartiers. C’est d’autant plus dommage que d’autres mesures ont été avancées lors de ces ateliers par des commerçants, telles la gratuité des transports en commun le samedi voire même la mise en place d’un vélo en libre service.

Alors que Parme banni totalement les voitures à l’intérieur de son périphérique certains jours de la semaine… pour favoriser le commerce, à Brest, nous nous dirigeons vers un scénario inverse. Quimper a subit une augmentation massive du stationnement anarchique, (3),(4),(5) augmentation due à la légitimation du tout-voiture qu’à constitué la récente instauration de la gratuité du stationnement à partir de 17h aux abords de la gare. Nous craignons un effet similaire à Brest. Or, l’incivisme du stationnement déjà très présent au centre ville (bas de Siam et haut Jaurès). S’il s’accroit encore, il découragera tous les brestois, y compris automobilistes, de faire leur courses au coeur de ville, au profit des commerces de périphérie. C’est un enjeu important : on sait que les commerces de proximité et de centre ville créent davantage d’emploi par tonne de marchandise ou par centaine d’euros dépensés que les grandes et moyennes surfaces.
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Nous constatons qu’il est tout à fait aisé de se garer à Brest, il faut juste marcher un peu. Nous demandons donc une campagne de sensibilisation aux incivilités, ainsi que des mesures en faveur des modes actifs.
Le tramway a couté près de 300 millions d’euros, on est en droit d’attendre un retour sur investissement. C’est un outil formidable non seulement de transport, mais également d’urbanisme et de qualité de vie. Mais il ne peut jouer pleinement son rôle que s’il est intégré à une chaîne globale de mobilité combinant réseau de bus, parking relais. Toute cette chaîne débute et fini forcément par un déplacement à pied. Il est donc essentiel que “les premiers/derniers 500m” soient confortables pour les piétons, au risque de gâcher tout le potentiel du tram. Par ailleurs, quelle crédibilité, quel soutien pour les mutations déjà en cours, si la puissance publique incite au retour à l’usage de l’automobile?

Nous demandons donc des mesures pour favoriser la place des mobilités actives au cœur de Brest :
– l’extension des espaces piétonniers dans les centralités de quartier
– des aménagements cyclables sécurisés, lisibles,cohérents et continus,
– la mise en place de stationnement vélo sécurisé, notamment devant les commerces
– la sensibilisation puis la verbalisation des automobilistes garés inciviquement
– l’expérimentation d’une journée de gratuité des transports collectifs couplée à une journée sans voitures.

Non, la voiture ne sauvera pas les commerces du centre ville, et encore moins le climat! Par contre, Brest a annoncé un “plan piéton”. Lui peut contribuer à sauver le commerce, et ce dans toutes les centralités de quartier: Mais il faut s’en donner les moyens.

Ci-joint notre communiqué de presse. COMBapav

(1) http://www.citylab.com/cityfixer/2015/03/the-complete-business-case-for-converting-street-parking-into-bike-lanes/387595/
(2) http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/76456_7206_depliant_velo_et_commerces.pdf
(3) http://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/stationnement-la-tolerance-ne-peut-conduire-a-la-depietonnisation-12-05-2015-10625706.php
(4) http://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/quimper-la-ville-hausse-le-ton-contre-les-voitures-ventouses-dans-le-secteur-pietonnier-11-05-2015-10624830.php?utm_source=rss_telegramme&utm_medium=rss&utm_campaign=rss&xtor=RSS-22
(5) http://www.ouest-france.fr/halte-au-stationnement-sauvage-en-centre-ville-3394676